En ces temps de restrictions d’eau, une conférence a attiré toute notre attention. Emma Haziza était invité dans le cadre du salon Eco-habitat qui s’est tenu ce week end à Vence. Docteur de l’Ecole des Mines de Paris, experte dans le développement de stratégies pour la résilience des territoires, c’est une hydrologue spécialiste en gestion des risques. Elle intervient aussi sur sur tous les grands médias et tiens une chronique « Un degré de conscience » chaque samedi matin sur franceinfo.

La situation qu’elle nous a présentée n’est guère réjouissante. Il y a cette sécheresse actuelle, inhabituelle en hiver. Et d’autres phénomènes qui démontrent que nous sommes en train de vivre une transformation rapide du climat : la canicule tardive de septembre, les températures très supérieures à la normale (+5,5°) de décembre. Cette mutation semble s’accélérer, même si cela fait vingt ans que les phénomènes se cumulent.
De plus, la France, pays habituellement tempéré et gros consommateur d’eau, notamment pour son agriculture, est en train de vivre une transformation plus importante et impactante que le reste du monde.
Mais peut-on encore échapper à une sécheresse historique cet été ? Des précipitations soudaines, très importantes, peuvent changer la donne. C’est ce qui s’est déjà produit en juin 2016, une des années les plus chaudes jamais recensées en France mais très pluvieuse juste avant l’été. Ce qui est nouveau c’est que les situations peuvent évoluer très vite. En 2018, après une année 2017 de sécheresse, les pluies de janvier ont été supérieures à celles de 1910, l’année des grandes crues de la Seine. Nous avions 30 % d’excédents en eau en abordant le printemps. Mais trois semaines de canicule ont fait basculer la situation dans l’autre sens. L’année a finalement connu une sécheresse record ! Car même avec les pluies conséquentes, les nappes phréatiques n’arrivent pas à être rechargées.
Sans compter que nous entrons dans une période de grande inconnue climatique. Le phénomène La Nina qui devait être un système plus refroidissant pour nous ne nous a pas empêché de cumuler des records historiques de températures . Et nous sommes en train de basculer dans le phénomène El Nino qui pourrait apporter des températures plus caniculaires.
Nous allons donc vers une mutation rapide, où la ressource hydrique va être un enjeu majeur. Pour préserver cette ressource il y a des comportements que nous ne pourrons plus avoir. Il faut arrêter de « piller » les nappes phréatiques avec le risque de les voir disparaitre. Après la sobriété énergétique, la sobriété de l’eau : pas le choix !